quinta-feira, 28 de novembro de 2013

Brésilien. Mais fier de l’être ?


A gauche : Fierté d’être Brésilien. A droite : Cirque Brésil – ici, c’est toi le clown.

Le Brésil est à la mode et les médias français en parlent plus souvent que je n’aurais imaginé avant de venir m’installer ici il y a quelques mois. De manière générale, en France, j’ai l’impression que la patrie du foot et de la caipirinha a plutôt bonne presse.

Au Brésil, la fierté nationale varie en fonction de
plusieurs facteurs : de la tendance politique à l’appartenance religieuse, en passant par la performance de l’équipe nationale de foot. C’est ainsi que, au bout d’une dizaine d’années sous la présidence du Parti des Travailleurs, ceux qui se situent politiquement plus à droite ont tendance à souligner les aspects négatifs du pays, alors que les gens de gauche tendent à mettre en avant les avancées obtenues dans les dernières années. De leur côté, les évangélistes les plus fervents s’identifient davantage à leurs confrères, au détriment de tout patriotisme. Il y a également ceux qui ne vibrent pour leur pays que lors des matchs de la Seleção.

– Ici, c’est une terre de criminels, de gens corrompus et d’escrocs.
– Et attention, tout le monde : la Coupe du Monde va commencer.
– Je suis brésilien, j’en suis très fier, ça remplit mon cœur.
– Et l’équipe du Brésil rentre les mains vides. Pas cette fois-ci...
– Petit pays de merde !

Les beautés naturelles, la musique, les richesses minières, les bijoux des cuisines régionales, la diversité culturelle, la joie de vivre et l’hospitalité sont des raisons qui poussent Brésiliens et étrangers à aimer le pays de la samba.
Le Christ Rédempteur, à Rio de Janeiro. Au fond, le Pain de Sucre et la Baie de Guanabara.

Par-delà tout ça, l’image que le Brésilien se fait de lui-même et de son pays s’articule autour d’un mot assez ambigu : malandro. Ce terme désigne, à la fois, celui qui sait se tirer des mauvaises situations (un débrouillard), et celui qui tire profit de la naïveté des autres (un escroc, un filou). La meilleure traduction à laquelle je puisse penser, c’est « malin », qui garde un peu de la dualité du mot brésilien. Mais le malandro s’insère dans la culture brésilienne d’une manière assez complexe et incarne celui qui contourne les règles pour atteindre ses buts, qu’ils soient louables ou pas. Dans un contexte social marqué par des disparités sociales et des injustices qui commencent à peine à être atténuées, au bout de cinq siècles, ce serait trop simpliste de jeter sur le malandro un regard moraliste.

L’antipode du malandro, c’est l’otário, l’andouille, celui qui se fait avoir. Et c’est comme ça que de nombreux Brésiliens voient leurs compatriotes : comme des gens aliénés par le foot, le carnaval et les feuilletons télévisés, qui se laissent berner par les hommes politiques. Il y a en beaucoup qui disent que le Brésil réunit tous les atouts pour devenir le pays le plus développé du monde (un sous-sol très riche, une terre fertile, un climat favorable, des paysages à couper le souffle...) mais que o problema é o povo (« le problème, c’est le peuple »).

Loin de ces critiques prétentieuses et élitistes, qui témoignent d’une vision étoite et superficielle, je vois les qualités d’un peuple guerreiro (littéralement, « guerrier », cet adjectif se traduit mieux comme bosseur) qui doit se battre pour faire face aux difficultés de la vie quotidienne et garde l’espoir et le sourire, tout en travaillant dur. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut fermer les yeux aux défauts de notre pays – dont je parlerai un autre jour, parce qu’aujourd’hui je suis de bonne humeur et je veux rester sur les choses positives.

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