quarta-feira, 6 de novembro de 2013

COTIDIANO – CHICO BUARQUE

Comme je l’ai dit dans un texte précédent*, le presente do indicativo du portugais correspond grosso modo à l’indicatif présent du français. Parmi d’autres fonctions, il sert donc à exprimer les actions habituelles. 

Dans ce grand classique de la musique brésilienne, Chico Buarque exprime
l’angoisse du train-train quotidien. Notez la force expressive du pléonasme dans le premier vers : Todo dia ela faz tudo sempre igual. Notez également à quel point le protagoniste, dépossédé de sa propre existence, attribue le caractère répétitif de sa vie à sa compagne.

Cette version live vous permettra de découvrir le grand succès de ce tube où le questionnement existentiel se voit étouffé par le conformisme de celui qui se sait prisonnier d’un ordre social plus puissant que lui. Les raisons qui empêchent le protagoniste de s’affranchir de sa condition frustrante ne sont que très brièvement mentionnées, mais révèlent bien la réalité critiquée par ce compositeur engagé qu’est Chico Buarque.


Cotidiano
(Auteur et interprète: Chico Buarque)
Todo dia ela faz tudo sempre igual:
Tous les jours elle fait tout toujours pareil :
me sacode às seis horas da manhã,
elle me secoue à six heures du matin,
me sorri um sorriso pontual
elle me sourit un sourire très à l’heure
e me beija com a boca de hortelã.
et m’embrasse la bouche à la [au goût de] menthe.

Todo dia ela diz que é pra eu me cuidar
Tous les jours elle me dit de prendre soin de moi
e essas coisas que diz toda mulher.
et ces choses-là que disent toutes les femmes
Diz que está me esperando pro jantar
Elle me dit qu’elle m’attend pour le dîner
e me beija com a boca de café.
et m’embrasse la bouche au [goût de] café.

Todo dia eu só penso em poder parar;
Tous les jours je ne pense qu’à pouvoir m’arrêter ;
meio-dia eu só penso em dizer não,
à midi je ne pense qu’à dire non,
depois penso na vida pra levar
puis je pense à la vie qu’il faut mener
e me calo com a boca de feijão.
et je me tais la bouche pleine de haricots [le riz blanc et les haricots constituent la base de l’alimentation des Brésiliens, qui en consomment presque tous les jours, surtout dans les classes populaires]

Seis da tarde, como era de se esperar,
À six heures de l’après-midi, comme prévu,
ela pega e me espera no portão
elle a l’idée de m’attendre à la porte
Diz que está muito louca pra beijar
Elle dit qu’elle crève d’envie de m’embrasser
e me beija com a boca de paixão.
et elle m’embrasse la bouche pleine de passion.

Toda noite ela diz pra eu não me afastar;
Tous les soirs elle me dit de ne pas m’éloigner ;
meia-noite ela jura eterno amor
à minuit elle jure qu’elle m’aimera pour toujours
e me aperta pra eu quase sufocar
et elle me serre si fort pour que j’en étouffe presque
e me morde com a boca de pavor.
et elle me mord la bouche pleine de peur.



* Pour accéder à mon texte sur le présent en portugais, cliquez ici.

Nenhum comentário:

Postar um comentário