terça-feira, 15 de outubro de 2013

Aquele abraço (Gilberto Gil)

Dans une de ses chansons les plus célèbres, Gilberto Gil joue sur les différentes connotations de abraço, mentionnées dans le texte précédent. Ce chef-d’œuvre de la musique brésilienne est sorti en
1969, au point le plus dramatique de la dictature militaire au Brésil, alors que l’artiste, déjà très connu et très populaire, était exilé à Londres. On dit que, quand Gil était prisonnier à l’école militaire de Realengo, les soldats le saluaient en lui disant "Aquele abraço, Gil!".

Ce morceau vous permettra de connaître plusieurs petits détails de la ville de Rio et de mieux comprendre l’histoire et la culture brésiliennes. Pour la traduction de son titre, j’ai opté pour « Je vous embrasse », d’abord parce que c’est l’équivalent le plus naturel de cette expression en français, ensuite parce que le démonstratif aquele intensifie la tendresse de l’abraço – d’où le passage à l’embrassade. Je pourrais également ajouter qu’à la base, le mot français « embrasser » sinifie justement « prendre et serrer entre ses bras » et ce n’est que par extension qu’il indique l’action de donner un baiser à quelqu’un.

Le clip montre des prises de Rio à la fin des années 1960. Et même si ces images datent déjà de plus de 40 ans, je peux vous dire : O Rio de Janeiro continua lindo!

Aquele abraço
Je vous embrasse
(Gilberto Gil)

O Rio de Janeiro continua lindo
Rio de Janeiro continue très beau [malgré la dictature, on peut sous-entendre]
O Rio de Janeiro continua sendo
Rio de Janeiro continue à être
O Rio de Janeiro, fevereiro e março
Le Rio de janvier, février et mars [Rio de Janeiro signifie littéralement « fleuve de janvier » ; notons au passage que le coup d'État qui a mené à l'instauration du régime militaire a eu lieu le 1er avril 1964]

Alô, alô, Realengo, aquele abraço!
Allô, allô Realengo [quartier populaire de Rio où Gil avait été fait prisonnier par les militaires], je vous embrasse !
Alô, torcida do Flamengo, aquele abraço !
Allô les supporters de Flamengo [club de football de Rio – le plus populaire au Brésil – qui venait de perdre en finale face au Fluminense, le club soutenu par Gil], je vous embrasse !

Chacrinha continua balançando a pança
Chacrinha [présentateur de télévision très populaire à l’époque] continue à se remuer la panse
e buzinando a moça e comandando a massa
et à klaxonner la fille et à mener les foules [L’émission animée par Chacrinha, qui a été diffusée jusqu’en 1988, proposait des concours de musique ; quand il estimait qu’un participant ne chantait pas bien, il le « klaxonnait » pour qu’il s’arrête ; Chacrinha était aussi connu pour sa grande interaction avec son public, auquel il balançait des morues salée et des fruits – du grand délire]
e continua dando as ordens no terreiro
et continue à être le gars qui commande tout [un terreiro est une cour en terre battue, où on élevait jadis des poules]
Alô, alô, seu Chacrinha, velho guerreiro!
Allô, allô Monsieur Chacrinha, mon brave vieux ! [Velho guerreiro, « vieux guerrier », était un surnom de Chacrinha]
Alô, alô, Terezinha, Rio de Janeiro!
Allô, allô Terezinha, Rio de Janeiro ! [Alô, alô,Terezinha était une phrase souvent répétée par Chacrinha, sans aucune raison apparente]
Alô, alô, seu Chacrinha, velho palhaço!
Allô, allô Monsieur Chacrinha, mon vieux clown ! [Velho palhaço – « vieux clown » ou « vieux rigolo » – était un autre surnom de Chacrinha]
Alô, alô, Terezinha, aquele abraço!
Allô, allô Terezinha, je vous embrasse !

Alô moça da favela, aquele abraço!
Allô la fille de la favela, je vous embrasse !
Todo mundo da Portela, aquele abraço!
Tout le monde de Portela [école de samba très traditionnelle, jusqu’à aujourd’hui la plus grande championne du carnaval de Rio], je vous embrasse !
Todo mês de fevereiro, aquele passo!
Tout les mois de février [mois dans lequel le carnaval est généralement organisé], c’est cette danse-là !
Alô, Banda de Ipanema, aquele abraço!
Allô la bande d’Ipanema [très célèbre bande de carnaval de Rio], je vous embrasse !

Meu caminho pelo mundo, eu mesmo traço
Mon chemin à travers le monde, je le dessine moi-même [référence à l’exil de l’artiste]
A Bahia já me deu régua e compasso
Bahia [terre natale de Gil] m’a donné la règle et le compas
Quem sabe de mim sou eu. Aquele Abraço!
C’est moi qui décide pour moi. Je vous embrasse !
Pra você que me esqueceu, aquele abraço!
Vous qui m’avez oublié, je vous embrasse !
Alô, Rio de Janeiro, aquele abraço!
Allô Rio de Janeiro, je vous embrasse !
Todo o povo brasileiro, aquele abraço!
Tout le peuple brésilien, je vous embrasse ! [Depuis Londres, Gil manifeste sa solidarité avec ses compatriotes]

Avez-vous déjà vu Chacrinha ? Le voilà :

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