Le R est une des grandes difficultés des francophones qui apprenent le
portugais brésilien. Au Brésil, la prononciation du R est une des composantes
les plus facilement repérables des différents accents régionaux et par conséquent un
marqueur très important de l’origine géographique. Pour simplifier les choses,
on fera référence à la variante carioca,
c’est à dire celle de la ville de Rio, qui constitue la norme officielle de l’Académie
Brésilienne, mis à part quelques-uns de ses particularismes, comme le S « chuinté »
en fin de syllabe.
En espagnol ou en italien, cette lettre correspond toujours au R « roulé »
(un phonème alvéolaire, pour un terme plus technique). Or, la phonétique du
portugais contient ce phonème alvéolaire et en plus un phonème vélaire (articulé
au fond de la bouche, plus ou moins comme le R français standard), et cette
différence sert souvent à distinguer des mots : l’exemple classique est caro (« cher ») X carro (« voiture »).
Le premier phonème, symbolisé par [r],
est produit par une vibration de la langue derrière les incisives, au même
endroit que le D, le L et le T. On doit choisir cette prononciation pour les cas
où un R se trouve entre deux voyelles ou après une consonne située dans la même
syllabe, ou encore quand on fait la liaison entre un mot qui finit par R et un
autre qui commence par une voyelle. Exemples : Brasil
(« Brésil »), caro (« cher »), por_exemplo (« par exemple »).
L’autre phonème est représenté dans l’alphabet phonétique international
par [ʀ] et se produit par un
resserrement du passage de l’air au fond de la bouche, ce qui résulte d’habitude
en quelque chose de très proche du H anglais, mais qui peut souvent tendre vers
le R français, plus ou moins grasseyé. Il faut prononcer [ʀ] quand le R se situe en début de mot ou en
fin de syllabe, ou encore quand on écrit RR entre voyelles. Exemples : Roma (« Rome »), força
(« force »), mar (« mer »), carro
(« voiture »), honra (« honneur » – à noter que,
dans ce cas, le N quelque part « bloque » la syllabe et incite à l’articulation
d’un [ʀ]).
Le phonème [r] n’existant
pas en français, il est donc un peu difficile à réaliser pour quelques-uns de
mes élèves, notamment quand il vient après une consonne. En plus, les
francophones associent la lettre R à [ʀ],
ce qui crée un réflexe qui induit à l’erreur. C’est pourquoi, j’insiste
sur le fait que son point d’articulation est le même que celui du D, du T et du
L et je vous propose de considérer [r] plutôt
comme une variante du L.
En effet, les petits Brésiliens confondent les deux phonèmes dans leur
apprentissage du langage oral. Par ailleurs, il y a un phénomène connu sous le
nom de rotacismo qui consiste justement à prononcer un [r] à la place du [l]. C’est
une caractéristique de plusieurs parlers populaires, dans lesquels on trouve
des réalisations comme bicicreta au lieu de bicicleta (« vélo »),
mais c’est aussi une des forces qui ont façonné la langue portugaise –
voilà pourquoi plusieurs mots qui avaient un L en latin ont pris un R en
portugais: escravo (« esclave »),
praia (« plage »), igreja (« église »).
La séquence de mots ci-dessous vous aidera à prendre conscience du
point d'articulation du [r] :
CADA – CATA – CALA – CARA
Le [ʀ], quant à lui, est
produit au même endroit que [k] et [g] :
MACA – MAGA – MARRA
Il y a plusieurs mots
qui réunissent les deux types de R et qui servent à s’entraîner, comme regra (« règle, norme ») et rural (« rural »).
Sinon, il y a des virelangues classiques :
O rato roeu a roupa
do rei de Roma. (« Le rat a rongé l’habit du roi de
Rome. »)
Três tigres tristes comem três pratos de trigo no trigal. (« Trois tigres tristes mangent trois
assiettes de blé dans le champ de blé. »)
Je le sais, ces
deux phrases ne veulent rien dire, mais si elles vous aident à mieux retenir
ce que je viens d’expliquer, c’est déjà bien.
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